De l’Art du virtuel…

Second degré: Dans l'humour, le second degré consiste à dire ou laisser croire le contraire de ce que l'on pense, en particulier par ironie. Exemple : « Ben dis donc, ça commence bien ! » J'ai envie de vous parler de la magie des réseaux sociaux en général et de Facebook en particulier, mais je ne sais pas par quel bout le prendre...Alors je ne vais saisir aucun bout, n'en déplaise à Blacky de faillir à ma réputation, juste vous livrer quelques réflexions en vrac. Vous ferez le tri. Ou pas... Et c'est là ou ça coince, le ou pas...Certains ne savent pas le faire le tri. Oui la communauté virtuelle est composée de vraies personnes qui évoluent sur la toile comme dans la vie. Il y a les Discrets, les Diserts, les Déserts, les Desserts, les Diseurs... Les Discrets, rendons leur hommage, se contentent d'observer, à la manière de voyeurs dans un bordel derrière une glace sans tain. Ils se délectent des échauffourées, se régalent des bons mots, se promènent fantômes désœuvrés, de statuts en photos, en musiques, se nourrissant des bribes de la vie des autres. Ils lâchent parfois quelques likes et se replongent illico dans l'ombre de leur seau de pop corn. Ils sont nourris par les Diserts. Ah les Diserts...Tellement nombreux, tous différents...Il y a le changement de statut toutes les heures auto-liké permettant de suivre une journée trépidante entre réveil qui pique, embouteillages, mésaventures professionnelles quotidiennes et météo ; le DJ stakhanoviste nous abreuvant H24 de sa zic, là aussi ça s'auto-like beaucoup ; le serial photographe qui nous offre l'état de sa pelouse, son assiette déjeuner,  son caddie à Carouf (JM si tu m'entends), son chien, son gosse, sa couette; les Monsieur et Madame RIP véritables chroniqueurs nécrologiques du net; les spameurs fous promouvant concours ou tournois jusqu'à la nausée... vous m'avez suivi, il y en a plein d'autres, les Discrets sont bien nourris... Les Déserts...ouch...une étendue de sable sec ou pas la moindre idée ne germe...ça et là de petites phrases rabougries, atrophiées, en souffrance d'orthographe et d'intelligence...à masquer d'urgence...Les Desserts c'est tout l'inverse. La petite phrase percutante qui va bien, la vanne acidulée et grinçante, le coup de gueule de bon aloi, le juste mot à la juste place...miam... Les diseurs ont aussi toujours quelque chose à dire. Auto-satisfaits, ils ne peuvent s'empêcher de discourir à tout va et de vous livrer leur avis éclairé sur tout et rien. Une version virtuelle du Café du commerce somme toute... Ces passants arpentent votre mur et à force de les croiser au fil des jours des relations se créent. Des relations complexes. On se connait sans se connaitre tout en se connaissant: mal de tête. Là ce post va devenir aussi décousu que ce merdier... L'Art de l'écriture et de la lecture virtuelle est difficile. Combien faut-il de guillemets et de smileys pour faire passer une note d'humour au-delà du premier degré ? Pourquoi suis-je capable de supporter sur mon écran des commentaires nauséabonds, qui dans la vraie vie me jetteraient dans une réaction d'une rare violence verbale voir physique ?Lâcheté... Pourquoi se confie-on plus facilement en MP avec des personnes inconnues, dans une complicité qui semble immédiate et fulgurante, attitude que jamais on aurait dans la vraie vie...Il y aurait un moi virtuel et un je réel ? Facebook rend-il schizo ? Le virtuel semble abolir la nuance, la pudeur, la subtilité, le recul, la prudence... Je vous épargne les identifications incongrues, les vrais-faux suicides, les hypocondriaques, les faux profils... Ce matin encore j'aurai dû, j'aurai pu répondre. Les arguments étaient là dégoupillés dans ma menotte, prêts à être lancés pour une boucherie sans nom. Sanglante. Et puis arrivée à 2 dans le décompte, ma main a tremblée devant ma propres sauvagerie. La lumière bleutée de l'écran fait germer de bien vilains nénuphars...Je ne serai pas la Chloé du net, comprenne qui pourra...