C’est sans danger ?

Posted by Mama on 21 janvier 2014 | Subscribe
in Mama vie et oeuvre...

L'heure a sonnée des grandes manœuvres. Et je ne parle ni Poker, ni Politique, ne partez pas. C'est l'époque de la soupe, des gratins et des écharpes, ça tombe bien : dentist' time. Je n'ai jamais entendu PERSONNE me dire: " J'adoooooore aller chez le dentiste", ou même un petit: "Non mais moi ça me fait rien hein" ; ou alors ils sonnaient comme un bon gros bluff de fish. Le dentiste semble autant aimé au sein de la population que l'Huissier ou le Banquier. Seul point commun avec les deux autres, il nous dépouille allègrement de nos économies, mais lui c'est pour notre bien. Dentiste1   Assise hier dans la salle d'attente, je regardais mes compagnons de misère. L'un faussement décontracté, tournait d'un index moite les pages d'un magazine préhistorique. Un autre, mâchoire serrée et front emperlé, regardait le plafond, attendant visiblement une intervention divine pour une évacuation d'urgence. Une petite vieille était agitée de tremblements : certains diagnostiqueraient un Parkinson avancé, je penche pour de la terreur à l'état pur. Moi je pianotais frénétiquement sur mon iPhone, pour boucler mon interview d'Ilan, me disant que si je faisais preuve d'une patience angélique, cela me serait sûrement rendu au centuple : une panne générale d’électricité, une attaque surprise de Klingons déchainés et dentistivores... célébrité La porte du cabinet s'ouvre. Une jeune femme emmitouflée dans un gigantesque cache-col bleu marine, marmonne un au revoir Docteur et s'empresse de regagner la sortie. La tension monte encore d'un cran tandis que l'on entend le bruit peu avenant des instruments qu'on range et de ceux qu'on prépare. Aaaargh l'assistante se pointe masquée de vert, le temps est suspendu : "Madame c'est à vous ..." assène-t-elle d'un ton que je sens lourd de menaces. Une visite chez le dentiste, c'est sûrement la base de cette répulsion, met à mal tous nos sens. A peine arrivé c'est l'odeur : ce mélange reconnaissable entre tous, de girofle médicamenteuse vaguement mentholée, qui te prend à la gorge, mêlé à la peur. L'ouïe bien sûr, le bruit de la roulette et les cliquetis des instruments de torture, relèguent la perceuse du voisin le dimanche matin après une cuite, au rang de divine berceuse. dentiste   Pour la vue, j'ai au moins la chance que mon Laurence Olivier soit du genre bombasse : grand, mince, bien sapé, depuis une quinzaine d'année que je le fréquente, il est devenu de plus en plus beau, perdant des rondeurs du visage encore poupines , pour quelques rides de sourire, couronnées d'un léger grisonnement. Il s'est départi après des centaines de souffrances sur son fauteuil, du soupçon d'agacement qui affleurait trop souvent, pour n'être plus que compassion. Mais bon aveuglée par la lampe en pleine gueule, que le commissariat du 12e lui envie sûrement et terrorisée par l'arsenal d'objets tranchants et piquants qu'il tente sournoisement de placer derrière moi, la vue de ses yeux bleus penchés sur moi et de son joli petit cul sont finalement une piètre compensation. JP Le goût, OMG !!! Je vais épargner vos papilles en détaillant le menu, entre sang frais, menthe frelatée, goût de brûlé et litres de salive ; juste le fin du fin découvert la semaine dernière : les empreintes avec une pâte au souffre chaude mmmmmm.... Bon pour le toucher et le reste des sensations vous connaissez : les mains crispées sur les accoudoirs trop lisses, cette minuscule douleur mais qui vous vrille le ventre, de l'aiguille de l’anesthésie qui pique et repique, avec la palme d'or à la fameuse piqure dans le palais, la découverte de l'hémiplégie faciale temporaire qui vous fait baver comme un escargot en mars, cette posture humiliante de rester là bouche ouverte, tandis qu'il fourrage, s'active, rentre et sort, dans un simulacre de coït frigidifiant.   D3 Un petit coup de kleenex et c'est terminé ouf. D'une Doc tremblotante je fuis, le carton de notre prochain rencard au fond de la poche, tente d'allumer une réconfortante cigarette d'une lèvre molle qui refuse d'obéir et tétant de la commissure de ma bouche quelques bouffées maladroites, je regagne d'un pas de marathonienne mes pénates, poursuivie par cette question existentielle :  c'est sans danger ?sans danger
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