Vie et moeurs du Sud-Ouest

Pas le temps de m'ennuyer au Casino. Quand je sors fumer ma clope, je vois que nous sommes bien dans le Sud-Ouest. En bas de chez moi à Paris, j'ai un melting pot de gamins maigrichons, entrain de taper dans le ballon rond en se traitant d'enculés et en insultant le moindre adulte osant faire une réflexion. Là devant le Casino il y a une trentaine de "drôles", élevés en plein air au Lou Gascoun et au confit, un grand sourire fendant leurs bouilles rondes, tout au plaisir de se lancer le ballon ovale, sous l'oeil bienveillant et nonchalant des animateurs assis au soleil. Je vois Monsieur Bijoux enfant et j'en suis toute attendrie...           A la clope suivante, les gamins sont partis, laissant place à...la Gay Pride de Biarritz. Si si je vous assure !!! Bon on est pas dans le Marais et le défilé avec son unique char et ses quatre drapeaux arc-en-ciel manque un peu d'étoffe et de délire... L'agent de sécurité me glisse un "ici ils sont plus discrets", tout est dit... Clope suivante wow!!! Je me dis tiens la Gay Pride n'est pas terminée en voyant un troupeau vêtu de grandes robes rouges avec une sorte de cordon autour du cou. En observant que la moyenne d'âge doit avoisiner les 65 ans, je me renseigne et j'apprends que c'est la Confrérie des Anysetiers. Hé ouais bande d'ignares. Je vous en bouche un coin là!!! Ces adorateurs de la badiane étoilée se réunissent en grandes pompes pour se livrer à un rituel à la gloire de l'Anis. Etonnant non?!? Dîner joueur au restau du Casino. Il n'y a pas à dire, on sait vivre ici. Pas de buffet avec 3 crudités et charcuteries qui se dessèchent sous les néons. Ici c'est Filet de Rouget et Tartare de petits légumes à l'aneth, Filet de Canette farçi avec fèves, petits pois et haricots verts à la coriandre et aux baies roses, Tarte fine à l'abricot crème à l'amande. Bien lestée je peux essayer, sans trop m'énerver, durant une demi heure de regagner ma table qui a buggée sur un site que je ne nommerai pas qui commence par B et ne fini pas devant... 😉 Pas moyen tant pis dodo... En route pour ma ballade en ville quotidienne, j'élargis le cercle. Comme Crapule quand je l'emmenais à la campagne. Le premier jour il restait devant la maison sur le dur, oreilles dressées, moustaches frémissantes, truffe à l'écoute. Le lendemain il aventurait du bout des griffes une patte citadine sur le gazon et au moindre bruit suspect, filait dans la maison. Au bout de 4 jours il disparaissait de mon champ de vision de longues heures, trainant avec des matous peu recommandables du village, revenant gris de poussière et de toiles d'araignées réclamer son Ron Ron. Hé bien je fais pareil dans une ville inconnue. Le premier jour je traine aux alentours de l'hôtel et du casino. Points de repères pris je m'aventure de plus en plus loin, me repérant au bout de 2 jours comme un vieux trappeur dans la Lande. Nez au vent, libre, tournant au gré des ruelles. Hélas trois fois hélas, les centres villes tendent de plus en plus à tous se ressembler. De Biarritz à Strasbourg en passant par Deauville, Lille ou Cannes, les mêmes chaînes s'implantent, ne laissant aux commerces locaux que la part du pauvre. Ils sont là les parfumeurs, les marchands de fringues stéréotypées, les vendeurs de faux souvenirs made in Hong Kong. Ici 10 boutiques 64, 15 snacks paninis frites, toutes les chaines habituelles, quand je voudrai voir de la toile basque, des tresses de piment et des roues d'Etorki... Bref retour au Casingue car je suis quand même là pour bosser. Carine ma chouchoute doit arriver de Bordeaux pour le Ladies qu'à priori hélas je ne ferai pas: il faut que je sois raisonnable et c'est hors Bankroll... Mais on ne sait jamais, j'emmène quand même mes grigris...