Bistrot Blues…

Posted by Mama on 7 mai 2011 | Subscribe
in Mamadresses..., Tout mais pas n'importe quoi...

Du plus loin qu'il m'en souvienne j'ai toujours eu mon bistrot attitré. Comme beaucoup de parisien, le petit café du matin c'est sacré. Il y en a toujours eu un au gré des étapes de ma vie avec le même point commun : un mélange improbable de personnes de tout âge, tout milieu social, toute race qui cohabitent et arrivent à créer des liens. Cela se passe toujours selon le même scénario. Vous rentrez un jour dans le bar à côté de chez vous ou de votre boulot. Odeur de café et du fromage cramé des croques-monsieurs, cliquetis des cuillères dans les tasses, brouhahas des conversations. On vous regarde à peine, on prend votre commande, vous buvez votre café commandé dans un verre sans sucre et sans cuillère et vous repartez. Comme ça deux-trois fois. Puis le sourire et le bonjour se font plus chaleureux. Puis vous ne commandez plus et on vous amène d'office votre café comme vous l'aimez. Puis on entame la conversation, on échange les prénoms. Et puis on se tutoie, on se fait la bise : ça y est vous êtes une habituée. Il y a eu les années lycée. Le Germinal avenue Émile Zola à côté de l'Ecole Bilingue. Les potes de Claude B au Trois obus (dit les trois zobs) porte de Saint Cloud. Puis le quartier du Panthéon. Le Celtes rue des fossés saint jacques tenu par un couple d'homos, ex libraires reconvertis en bistrotiers, fans de Sylvie Vartan et de comédies musicales. Là où j'ai rencontré Gilles à 16 ans : 4 ans ensemble. Premières cuites, premier petit boulot dégoté au bistrot, fleuriste, premiers 421, premières belotes de comptoir. Le pub Saint Jacques rue soufflot. Des aveyronnais pur souche avec Madame Chantal la patronne qui nous servait un peu de maman. On se retrouvait à toute une petite bande devant des diabolos de toutes les couleurs, on jouait au flipper, à space invider, à donkey kong, au tarot, on séchait les cours et on refaisait le monde. Parfois on poussait jusqu'à la Mouff voir notre pote Christian qui tenait une boutique de baba : henné, encens, shiloms, bagues, jupes indiennes. J'y ai travaillé aussi. Le bar c'était Au roi du café avec un vrai comptoir en zinc à l'ancienne. Les années fac, les bars de la rue Tolbiac. Premières armes à Radio France et là les Ondes, la mythique annexe de la maison ronde. Rencontre du père de mes fils... Installation en 1987 dans mon cher 12e... Quinze ans de cafés chaque matin chez Dan bd Diderot, devenu le QG de la FCPE...des heures à refaire l'Education Nationale, à casser nos bonshommes, à rire des frasques de nos petits, puis à pleurer sur nos ados... Les soirs d'été les apéros à rallonge en terrasse, les soirées à thème au Jim Besace rue Claude Thillier. Eté 1998 moi qui n'aime pas le foot cette liesse populaire derrière l'équipe de France : on dansait dans les rues sur fond de Rachid Taha Ya Rahia, tout le monde se parlait, se souriait...Rencontre du père de ma fille... Passage de l'autre côté de la barrière. L'Alchimiste, bar à vin réputé et côté, tenu par ma copine Christine que je seconderai durant 2 ans. Apprentissage ou plutôt peaufinage de ma culture œnologique et gastronomique. Découverte aussi du mépris immense que certains crétins ont envers vous parce que vous les servez. Anecdote : une cliente lisant un livre de Philippe Labro. Je lui dit que je n'ai pas aimé et elle me dit vous devriez lire le premier il est plus facile pour les lecteurs débutants...Les clients qui ne laissent jamais de pourboires, ceux qui vous offrent des fleurs, celle qui veut son aïoli sans ail, celui qui éteint son cigare dans le sucrier en ouvrant son courrier et en jetant par terre les enveloppes, celui qui vous offre toujours un verre ... Déménagement à Bercy en 2002. Je détestais tellement ce quartier que chaque matin pendant 2 ans à 8H10 on retournait chez nous à Reuilly. Philo dans sa poussette, Malo son cartable sur le dos et en avant 20 mn de marche à pied été comme hiver pour retrouver les copines et mon cher univers. 2004 ouverture de mon magasin à Daumesnil et là aussi le café attitré : un bar basque à la gloire du rugby et de la gastronomie du Sud-Ouest. Rencontre de mon futur mari, on y a fêté notre mariage... Je m'y suis faite maintenant à Cour Saint Emilion. J'évite la Cour en elle-même, chère, bruyante, remplie de touristes et de m'as tu vu. Juste une autre petite anecdote, j'en ris encore.. Beaucoup de couples gays se promènent main dans la main dans le quartier. Un jour devant moi 2 folles hystériques se tombent dans les bras. L'une s'exclame « Oh depuis le temps tu m'as reconnu? »et là la réponse me fige « Je t'ai reconnu grâce à ton Anus » Le mec se penche et appelle Anus, Anus et je vois un immonde Pékinois débouler sur ses pattes courtaudes, bavouillant de joie : le chien s'appelle Anus mais looooooool !!!!! Bref depuis la fermeture du mythique Bihan Café avec des souvenirs de bringues sévères, mes 3 lieux de prédilection du quartier s'échelonnent en fonction des heures et des jours...Le café du matin ou du début d'après-midi, ça se passe à la Terrasse place Lachambeaudie. Un petit air de village avec l'école, l'église, la caserne de pompiers et la boulangerie. Des petits vieux, des familles, James le boulanger, des mecs qui bossent dans le coin, des minettes, Kiki notre Bernardo à nous, Philippe le forgeron, Cyr, Eric et Christophe nos serveurs de choc... L'été passez nous voir en terrasse vers 18H30, les enfants jouent à la trotinette en buvant des limonades, les grands papotent de tout et de rien, c'est simple et on est bien. Mais attention Isa et Sylvain ne rigolent pas avec les horaires et à 20h c'est tout le monde dehors...   A l'Edelweiss, chez les suisses comme on dit, c'est les soirs où les apéros se prolongent, c'est l'apéro légumes du mercredi soir et c'est le café après le marché du dimanche. Que dire de Saïd le patron des lieux : c'est un amour. Il y a fléchettes, 421 et pour les amateurs PMU, moi c'est pas mon truc. Le jeudi midi couscous maison... Enfin pour mes rendez-vous professionnels ou quand j'ai envie de boire quelque chose qui sort de l'ordinaire il y a bien sûr le Chai 33... Tout ça pour vous dire que le troquet est une vraie tradition parisienne et que ceux ou celles qui se plaignent d'être seuls et de ne connaître personne, devraient décoller de Meetik et descendre en bas de chez eux, là où il y a de la lumière...Je ne vous pousse pas à l'alcoolisme, il y a plein de gens qui ne boivent pas d'alcool dans les bars. C'est une pause, un cocon, des moments tranquilles, paresseux, des rencontres... Tentez l'expérience...  
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