Un jour tu t'aperçois que l'on t'appelle de plus en plus souvent Madame et qu'on te vouvoie. Les filles se font moins agressives à ton égard: on te dit "tu es bien pour ton âge ou j'aimerai être comme toi quand j'aurai ton âge". Ça y est tu es rentrée dans la quarantaine. Tes formes et les étoiles de mer autour de tes yeux racontent tes excès. Même aux confins de la tristesse tu retiens tes larmes pour ne pas avoir "grenouille face" le lendemain matin.
Du côté des mecs les 20 glorieuses sont terminées; ces années où vous vous faites draguer par tout ce qui bouge: les mecs de votre âge qui veulent se caser, les plus âgés qui veulent soigner leur retour d'âge sur votre peau élastique, les plus jeunes qui rêvent de confronter leur virilité à une femme d'expérience. Passé 40 ans dans les mecs de votre âge il y a trois catégories. Les hommes mariés qui rêvent d'amours furtifs dans des chambres d'hôtel, de nuits courtes volées sous prétexte de réunions tardives ou de dîners professionnels, d'une bouffée d'oxygène dans leur routine de couple. Les divorcés qui pansent leurs plaies, vouant une haine farouche ou un véritable culte à leur Ex, ne parlant que d'Elle, père frustré à temps partiel, vous imposant une progéniture non consentante. Et puis il y a les célibataires sans enfants et là warning, warning, alerte rouge, plan ORSSEC: il y a forcément une baleine sous le gravillon, des traces de pneus dans la purée du petit, une couille dans le potage, un bubon dans le pâté...
J'ai trop vu, spécialité du sud qui s'exporte dangereusement, de la minette de 50 balais pour vouloir y ressembler. De dos, silhouette longiligne moulée dans un jean fashion, juchée sur de vertigineux escarpins, grosse ceinture soulignant une taille de guêpe. Elle se retourne et c'est le retour de la momie. Bronzage caramel trop cuit sur peau tannée et parcheminée, cheveux jaunes artificiels comme la coupe dernier cri du coiffeur des stars Franck Provost, la chair pendant sous les bras dévoilés par un débardeur blanc, poitrine trop haute pour être honnête, bouche botoxée enduite de rose nacré et soulignée au crayon marron du plus bel effet. On a retrouvé le mérou de l'Aquarium. Insensible à l'ironie des regards, elles tortillent du cul devant des mecs ayant l'âge d'être leurs fils, voire leurs petits-fils, le mot pathétique prend tout son sens...on ne peut pas être et avoir été. Me taper un gamin de 20 balais très peu pour moi; je n'ai qu'un plaisir d'esthète à admirer un petit cul bombé, une jambe dorée, un ventre plat et musclé, sans que cela ne déclenche aucun appétit sexuel. Couguar: non merci!!
Après 40 ans on est à la fois beaucoup plus cool et beaucoup plus exigeante. On sait ce qu'on veut, ce qu'on attend, ce qui est rédhibitoire; on a un sentiment d'urgence, plus de temps à perdre en vaines disputes, en stupides jalousies, les feux de l'amour on a assez donné... Quand on rencontre quelqu'un on ne gaspille plus son temps à vendre l'appartement témoin: on est plus honnête, plus franche, moins pudique aussi... Je suis maintenant persuadée que le mythe de l'Amour éternel, de la moitié d'orange, des 50 ans passés main dans la main sans une averse est à mettre au même rang que le Pére Noël, la petite souris ou le dahu. La vie à deux est un poison toxique et aucun amour ne peut survivre aux contraintes domestiques, aux soucis financiers, à cette insidieuse routine qui s'installe inévitablement. Il faudrait en rester aux premiers moments. La chasse, la séduction, la conquête. Cette parenthèse magique où l'on affiche un sourire béat et où tout nous semble beau, juste et parfait. Ou peau contre peau on se raconte des nuits entières au creux du lit en champ de bataille. Ou on se téléphone et se SMS vingt fois par jour en se débittant niaiseries, roucoulades, petits riens qui n'appartiennent qu'à nous. Où on baise comme des lapins n'importe où, n'importe comment, laissant notre empreinte de sucs et d'hormones sur l'Autre. Où les défauts sont charmants, attendrissants, drôles...
Les femmes de ma génération ont été élevées dans le culte du Prince Charmant, de la belle robe blanche, du couple solide et indestructible, et toutes nous y avons cru, et toutes nous sommes déçues. Certaines ont conservé leur liberté, volages, elles regrettent de ne pas avoir d'enfants et parfois pleurent sur leur solitude. D'autres s'étiolent doucement dans leur ennui entre habitudes et petits conforts. Celles qui ont eu le courage de dire stop ou se sont fait congédier pour une autre, sacrifient leur vie de femme à leur rôle de mère; quand les petits quittent le nid elles se retrouvent seules, décaties et pleine d'amertume.
Tout ça pour vous dire Carpe Diem, sans complexes, sans soucis du qu'en-dira-t'on, le temps passe si vite... Tout ça pour vous dire qu'au bout d'une semaine de courgettes, fromage 0% et viandes blanches, je me taperai bien un sanglier-frites, une roue de Brie de Melun avec une baguette sortie du four, et un pot géant de Nutella à la petite cuillère. Tout ça pour vous dire qu'il faut savoir continuer à rire de tout et surtout de soi-même, que c'est sûrement là que réside le secret de la jeunesse éternelle, la vraie, celle du coeur et de l'esprit... la dérision, fontaine de jouvence...
Merci !!! (pas la peine non plus que je cherche à revendre l’appart-témoin… 😉
ça c’est fait LOL 🙂
Pour ca que nous, les mâles, on chasse les jeunettes^^
@ Rincevent: à vaincre sans périls on triomphe sans gloire 🙂
Je me délecte avec gourmandise de tes récits car ils sont en toute sincérité criant de vérité. Même si dans ce cas précis je représente la gente masculine il est impossible de nier l’évidence. Je ne me prononcerais pas quant à la catégorie à laquelle j’appartiens mais à tout cela Madame je réponds Merci.
Ben: normalement tu dis Ma Reine et moi je réponds mon Prince… 🙂
trop forte Ma Ma
que de vérité et de sincérité
clap
tes papiers sont des gourmandises pour moi
clap clap clap
Charlie rouge comme la tomate je suis…
tu me gênes la
[…] insouciance et ma spontanéité, qui me faisaient partir dans de grandes envolées lyriques sur l’Amour, la Politique, m’enthousiasmer pour une partie de Poker ou le régal d’un livre ou […]
[…] était à astiquer, entre autre, sa calvitie, l’esclavagiste chti. Je l’ai dit ici même Mama n’est pas une couguar […]