Du sens à la sixième…

C'est ma quatrième rentrée en 6e. La mienne dans des temps immémoriaux, mais que je pourrai encore vous raconter minute par minute. Celles des garçons, suivies de 7 années de pur cauchemar, entrecoupées de quelques fulgurantes rencontres. Je vous avais livré ma vision de l’Éducation Nationale, m'interrogeant sur le choix du collège pour Miss Bijoux il y a déjà un an. Le choix s'est fait par défaut: impossible de payer une école privée, ce sera donc le collège de quartier: Jules Verne, auteur chéri de mon Papa, qui a réussis à m'en dégouter à vie. Miss Bijoux comme ses frères est une brillante petite feignasse: toujours dans le trio de tête de sa classe en ne travaillant que quand il y a un enjeu ou quand le sujet la passionne. C'est à la fois une matheuse et une passionnée de mots, qu'elle emmagasine avec voracité et emploie à bon escient. Quand à 4 ans elle m'a expliqué que les taquineries de son frère la laissait "désemparée" j'en aurai pleuré de joie. Son institutrice de CM2, femme d'expérience, ne l'a pas lâchée de l'année et m'a vivement conseillé de tenter de l'inscrire dans la classe bilingue du collège, arguant qu'elle avait besoin de challenge pour avancer. Philo fera donc cette année de l'Allemand en plus de l'Anglais et a réussi à convaincre son Papa de l'inscrire  à un cours privé de Japonais. La classe bilingue n'est hélas pas une garantie de se retrouver dans une "bonne classe", puisque les élèves, par soucis scrupuleux de ne surtout pas verser dans l'élitisme sont répartis sur deux des trois sixième de l'établissement. Si je suis bien sûr toujours pour que tout soit tenté pour aider les élèves en difficulté, je trouve dommage que pas grand chose ne soit mis en place pour stimuler les bons élèves... Mardi matin le réveil à 6H30 de la nuit noire fut un naufrage. Une demi-heure de cafés à la chaine plus loin, je réveillai ma Miss et à 7H40 après petit-dej, habillage et dernière vérification du cartable, nous partîmes chronomètre en main en direction de la rentrée. Une horde de parents et d'enfants s'étaient regroupés devant la supérette du coin pour faire ensemble le trajet, Philo tout sourire retrouvait ses coupines, en avant !!! En avant à un train de sénateur, quoi de plus bavard qu'un parent d'élève!!!Monsieur Ex nous rejoignit en route au grand plaisir de sa fille. On est bien dans un collège lambda de quartier. A 8h quand retentit la sonnerie style musique d'aéroport pour ne pas heurter les tympans de nos chers petits, le préau est bondé. Ambiance black, blanc, beur, beaucoup de parents, mais encore trop d'enfants seuls et des gamins aux antipodes. Des petites filles proprettes et bien coiffées, intimidées, encore dans l'enfance et des jeunes minettes habillées branchouille, qui papotent. Du côté des garçons idem: des petits bonhommes aux regards affolés et des pré-ados déjà regroupés en fond de salle qui chahutent. Ça promet 🙁 Discours du Proviseur attendu mais bien tourné: grandir et bien grandir, grandir c'est plus de droits mais plus de devoirs, s'instruire, vivre ensemble, construire son avenir. Durant le premier quart d'heure un flot continu d'enfants et de parents continuent à arriver et je reste sidérée qu'on puisse être en retard dés le premier jour!!! Après quelques mots de l'Adjoint et de la CPE, appel des élèves un par un vers leurs classes respective. Une bonne partie de la brochette du fond est en 6e1, ouf bien évité!!! Ce sera la 6e2 pour Philo avec sa meilleure coupine. J'abandonne ma Princesse dans cet univers impitoyable, café traditionnel de rentrée avec les parents et nous reprenons le chemin du quartier en nous refixant rendez-vous vers 11H40 pour aller récupérer notre progéniture. Je suis déjà aux taquets à 11H30 et me précipite pour retrouver Miss Bijoux je l’espère entière. Son grand frère lui avait promis de venir la chercher et il est fidèle au rendez-vous. Au vu de certains gamins de troisième sortant du collège, je suis ravie que mon musculeux fiston soit venu s'exhiber aux côtés de sa sœur. Je suis pas très fière de la méthode, mais nécessité fait loi...Ma Philo a le sourire, un emploi du temps bien ficelé dans un classique 8H-16H30, un cartable blindé de livres. Mes craintes s'avèrent exactes et deux gamins de la classe ont déjà faillit être collés, ils hurlaient en classe, dés le premier jour ça promet!!! Négative moi? Non...La crainte peut-être de voir arriver l'inéluctable: ces quatre ans où ma fillette va se transformer peu à peu en ado, ne plus me tenir la main dans la rue, ne plus venir sur mes genoux, s'affirmer, prendre peu à peu de la distance...Ce sera la troisième et dernière fois que je verrai une de mes chrysalides se changer en papillon, que son envol soit aussi doux et tendre que mon regard sur elle et sa vie chargée d'Arc en ciel...