Posted by Mama on 12 août 2011 |
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Mama lit...
Quand ça va pas, on a souvent tendance à finir de se martyriser l'âme à grands coups de musique triste. On se plonge pour se noyer dans Barbara, on serre autour de son cou un noeud coulant des notes de Brel , on prend comme des balles en plein coeur les mots de Jonasz, on ingurgite les paroles d'Aznavour comme un subtil poison, on se laisse cisailler les veines par la voix éraillée d'Arno, on se jette par la fenêtre que nous ouvre Mano Solo... Ce que Monsieur Bijoux, qui a le sens de la formule, appelle: "la musique livrée avec le gaz".
Sans le faire exprès je viens de me faire la même avec mes dernières lectures. Fauchée comme les blés, pas le moment d'aller me cagouler dans les rayons d'une de mes bien aimées librairies. J'ai donc raclé les fonds de tiroirs: la pile de laisser pour compte qui trainait esseulée dans un coin d'étagère. Et là, fait exprès, je tombe sur quatre bouquins d'affilé, qui sont certes de petits chef d'oeuvres, mais, cela va souvent avec, d'une tristesse vertigineuse, arrosé d'une bonne louche de nostalgie. Devenus affluents du fleuve de
la mienne , c'est maintenant un océan démonté qui gronde dans ma tête...
J'ai ouvert la série avec
La Solitude des nombres premiers premier livre d'un jeune auteur italien Paolo Giordano. Deux accidentés de la vie, qui ont subis un traumatisme irréparable dés le plus jeune âge, se rencontrent comme une évidence, sans jamais réussir à vraiment se trouver. Alice anorexique boiteuse, Mattia surdoué autiste, se relaient pour nous raconter cet amour absolu qui semble toujours pourtant leur échapper. Immense solitude, cruauté des Autres, quelques mains tendues... Les deux protagonistes abiment leurs corps pour préserver leurs âmes, mais nous, pauvres lecteurs qui assistons impuissants à cette agonie, nous sommes peu préservés...
De Charybde en Scylla j'attaque
Des vents contraires 6e roman d'Olivier Adam. S'il n'était pas aussi remarquablement et finement écrit, ce livre aurait très vite pu tomber dans le grotesque. Trop de malheur tue le malheur et là niveau malheur on est servi!!! Solitude, ados en souffrance, vieillesse, alcoolisme ordinaire, femme privée d'enfant, enfants privés de mère, père privé de fils. Vous l'avez compris un roman d'une mélancolie lancinante, composé à petites touches d'aquarelles sur la marine d'un peintre, qui tente de rendre en temps réel un ciel de mer qui se charge et se dégage.
Je n'aime en règle générale pas les livres à Prix. Mon snobisme et mon entêtement m'auront valu de ne lire que maintenant ce livre paru en 2004...
Une vie Française raconte la vie d'un garçon ordinaire sur fond d'Histoire de la Ve République et de ses présidents successifs du Général à Chirac 2e. On passe de l'anecdote familiale à la page politique sans efforts, à travers le regard blasé du héros Paul Blick, pur produit de son époque. Là aussi beaucoup de solitudes, une vision à la fois nostalgique et détachée sur la course du Monde et des Hommes.
Pour me finir en beauté je viens d'attaquer, j'en suis déjà à la moitié,
Bye Bye Blondie de Virginie Despentes, révélation littéraire du début des années 90 avec le fameux
Baise moi. Ce déferlement de violence et de mots crus ne peuvent que plaire à votre Mama qui fait partie de cette même génération où nous semblons trimballer les mêmes névroses. Le blog qu'elle tenait au quotidien à l'époque de la sortie du livre elle en parle ainsi: « régulièrement j'expliquais que j'allais mal, ce qui constitue quand même mon activité principale. »Bref bye bye Blondie me plait car son personnage principal Gloria a une passion dans la vie: distribuer les coups de boule. Elle aime aussi tout casser, écouter les Bérus, se détruire la santé et le moral avec tout ce qui passe et surtout, surtout chérir sa chère folie. Alors la Virginie, je lui pardonne le snobisme de la faute de français facile, qui chez un autre auteur m'aurait exaspéré. J'ai comme elle dans un coin de placard notre panoplie identique d'adolescente de la fin des années 70: les docks, les collants déchirés, les minis jupes fluos et les vinyls des Clashs, des Sex Pistols et d'Edith Nylon. Elle était à Nancy, moi à Paris et chacune dans notre petit bout de monde on se cherchait une envie de vivre...
Ah ça c’est sur mes docs, mon Bombers et mes vinyls des ludwig (que j’ai toujours) … nostalgie quand tu nous tiens …
ça nous rajeunit pas mon pov’Balla 😉
[…] jette chaudes et sanglantes à la face et tant pis pour vous…Je vous avais déjà parlé de Bye Bye Blondie et de ma tendance à tout passer à Virginie, par solidarité de références générationnelles. […]